Philippe Desclais

La pratique musicale de Philippe Desclais débute en 97 avec le groupe Labo 53, dont les trois membres partagent le même goût pour l’exploration de musiques décalées, une curiosité pour tout objet ou dispositifs susceptible de produire un son, leurs instruments qui circulent de l’un à l’autre, et leur absence complète d’éducation instrumentale. Quelques invités sélectionnés pour leur capacité à tout supporter participent à ces sessions improbables et aux quelques enregistrements Lo Fi du groupe. Matières sonores effondrées, la musique y est chauve, bordélique et rarement là, poésie brutale de l’absence… Très rapidement, réaliser ses propres instruments devient une évidence, une solution au non savoir, une manière ouverte et participative de s’engager dans l’infini potentiel du son ! Des gamelles deviennent résonateurs pour cordes, entre le berimbau et la contrebassine ; flacons et bidons munis de tiges métalliques ou cordes produisent des aqua phonies ; les plaques métalliques cintrées rencontrent les archets, ou se font surface résonnantes pour billes métalliques ; des tuyauteries remplacent avantageusement saxophone ou clarinette, comportant décidément trop de clés… S’ajoutent également des dispositifs motorisés permettant de produire des drones, des bendings rudimentaires et autres noises box de fortune. Plasticien également, il réalise des installations de totems et poupées d’inspiration animiste, coanime Fémur, un blog de poésie et illustrations graphiques en N&B , ce qui l’amène à performer avec musiciens poètes et danseurs Buto (collectif NouS). Avec Stéphanie Briand, ils forment NowCut, un duo de bouinage sonore dont la base instrumentale repose sur la lutherie sauvage (Plaque, Zdong, Jlong, tubes...) assortie d’effets, la sonorisation d'objets, l'électronique modulaire rudimentaire. NowCut développe son esthétique à la fois onirique et industrielle de ces rencontres dialoguées avec la danse, le texte ou la vidéo… NowCut s’engage alors dans de nombreuses collaborations avec des musiciens singuliers, joue régulièrement sur la scène des musiques improvisées et libres, réalise des productions mise en ligne, des radiophonies pour les oreilles libres (Radio Libertaire). D’autres approches musicales se déploient également en parallèle, entre autres, Fujinon, plus exclusivement consacré à la part électronique et à la construction MAO, et Cheveux Chauve (un duo à trois !) où il explore, triture et mixe en direct, exclusivement des vinyles et les sons produits par les deux autres membres de la formation, qui, de fait, ne reconnaissent parfois plus ce qu’ils jouent…